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Le Bord Du Monde

XÉNOCIDE est le troisième ouvrage d'un ambitieux cycle romanesque de science-fiction entrepris en 1986 par Orson Scott Card, dont les deux premiers volumes, la Stratégie " Ender " et la Voix des morts (1), ont été couronnés de nombreux prix. Il reprend la situation là où il l'avait laissée _ sur un double suspense _ dans la Voix des morts : la menace d'un génocide radical orchestré par le tyrannique Congrès stellaire à l'encontre des espèces peuplant la planète Lusitania, d'une part ; de l'autre, l'incertitude du combat entamé par les xénobiologistes humains contre le virus " intelligent " de la descolada qui menace mortellement la petite colonie terrienne, d'origine brésilienne, installée sur la planète. Un combat qui se double d'ailleurs d'un dilemme moral puisque, s'ils connaissent un moyen de détruire le virus, ils ne peuvent l'utiliser sans condamner du même coup à la disparition les piggies, l'espèce intelligente autochtone au très curieux cycle biologique partagé entre l'animal et le végétal...
Xénocide a toujours pour personnage central cet Ender Wiggin qui porte la terrible responsabilité de l'anéantissement total du peuple extraterrestre insectoïde des " doryphores " et qui a erré depuis dans le cosmos à la recherche d'un endroit où conduire, d'un cocon de reine pieusement conservé, sa renaissance. Cet endroit, il l'a trouvé sur Lusitania, au moment même où le Congrès stellaire a décidé de réduire militairement la planète rebelle à son autorité. Aidé par sa soeur Valentine, la pamphlétaire dont les oeuvres ont sapé dans toutes les cent planètes l'autorité du Congrès, par Jane, la mystérieuse entité informatique, et même par les personnalités antagonistes des enfants de Novinha, la femme qu'il a épousée, il est l'âme de cette entreprise presque désespérée qui vise à assurer la survie des trois espèces lusitaniennes.
Dans ce récit complexe, Orson Scott Card brasse avec allégresse une multitude de thèmes touchant à la politique, à la métaphysique, à l'écologie, à la morale, qui s'ordonnent comme une réflexion plurielle et contradictoire sur le phénomène de la colonisation. Le miracle est que sa fiction n'en demeure pas moins limpide et envoûtante, qu'elle paraisse si épurée quand elle est d'une richesse qui sous d'autres plumes moins élégantes nous eût paru aisément indigeste.
L'UNE des sources d'inspiration de la fantasy est notre bon vieux conte de fées. Deux romans parus récemment en apportent une illustration. Belle est une réécriture du conte de Mme Leprince de Beaumont, la Belle et la Bête, immortalisé au cinéma par Jean Cocteau. Robin Mc Kinley est restée d'une grande fidélité au canevas du court texte original, transformant seulement les orgueilleuses et jalouses soeurs de Belle en personnages autrement plus sympathiques. Elle a développé chacun des épisodes du conte sans les alourdir, en faisant preuve parfois d'une belle invention (ainsi ces servantes invisibles et bavardes...), tout en en conservant le charme et la magie.
LE Bord du monde de Brian Stablefort, commence comme un très classique conte de fées. Un mariage se négocie entre Damian, le prince héritier du pauvre royaume de Caramorn, et Helen, la fille du riche enchanteur Sirion Hilversum. Mais Helen trouve son prétendant peu engageant et n'accepte de lui donner sa main que s'il répond à trois énigmes dont elle doit l'énoncé à son miroir magique. Le ton primesautier adopté par l'auteur laisse présager quelque subversion rapide, que la suite du roman ne manque pas de révéler.
Le Sous-marin noir de Robert Harris est un très insolite objet romanesque à cheval entre l'uchronie et le roman policier. Par le biais d'une fiction savamment truquée, l'auteur décrit la société bureaucratique et terrifiante qui aurait pu s'instituer dans un passé potentiel et met en scène les conjurés de la conférence de Wannsee, les perpétrateurs infâmes de la solution finale. La forme choisie du thriller, d'ailleurs parfaitement maîtrisée, rend sa démonstration passionnante et efficace.

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